Ce site est une expérience d’écriture commencée en 2016 lorsque tu as envisagé de peindre sur ta page blanche toutes tes sensations, tes perceptions et impressions, que celles-ci trouvent leur source dans tes voyages réels et imaginaires, dans tes lectures ou dans l’appréhension physique d’œuvres picturales, sculpturales, plastiques, photographiques, scéniques,…

Ainsi, te promènes-tu de jour comme de nuit sur un chemin lumineux d’écriture que tu suis sans connaître et que tu découvres au fur et à mesure de tes rencontres et de tes découvertes, indifféremment sur les bords du Nil soudanais, sur le tronçon Jinshanling de la grande Muraille de Chine, dans le slum de Dharavi à Mumbai, au camp de base de l’Everest, sur les Ghats de Varanasi ou parmi la végétation envahissant les temples d’Angkor.

Comme dans un rêve semi-éveillé, tu te surprends à méditer puis à remplir tes carnets à Rongphu dans le monastère tibétain le plus haut du monde, à circumambuler avec les bouddhistes autour du Barkhor de Lhassa, à rêver dans le temple de Kailasanatha dans le Maharashstra en Inde, fascinée de pénétrer dans la plus grande sculpture monolithique jamais réalisée.

Ton corps ressent le froid humide pénétrant des Hutongs de Pékin, se réchauffe dans la lumière satinée de la campagne toscane et apprend la douceur d’une immersion complète dans l’eau du Gange sacré.

La couleur orangée de la fin d’après-midi que tu aimes tant, celle de la photographie et de la peinture, vient t’envahir comme elle recouvre progressivement les façades baroques des églises siciliennes de Modica ou les temples hindous de Hampi.

Lorsque tu écris, tu te revois traverser le Palais de Tokyo, le Palais de l’Harmonie Suprême, le Château de Brissac, le Baptistère San Giovanni, le Temple du Ciel, le monastère de Sakya et le mausolée de l’empereur Qin, avec le même émerveillement, renouvelé sans cesse et encore dans l’obscurité du Palais Biscari ou dans l’ambiance charbonneuse des ruelles de Pingyao.

Tes découvertes et l’expérience que tu traduis en notes et écrits te donnent le plaisir de parcourir les siècles et les espaces, avec autant de simplicité et de curiosité, insatiable et vivante, visitant des espaces inconnus, inexplorés bien qu’universels, toujours au plus proche de tes sensations.

Tu connais et transposes la même expérience avec tes découvertes artistiques, qu’elles soient picturales, photographiques, sculpturales, théâtrales ou encore qu’elles relèvent d’univers mystérieux, plastiques et insolites…

Ainsi es-tu troublée devant les sculptures de Giambologna ou de Michel-Ange, devant l’armée de terre cuite de Xian, les Botticelli de la Galerie des Offices ou les tableaux de Basquiat, devant la série des 9 discours de l’empereur Commode de Cy Twombly ou devant la vérité nue d’Egon Schiele, devant les Outrenoir de Pierre Soulages, les lignes de Mario Giacomelli, les toiles/sculptures vivantes de Tomas Saraceno, les installations de Christo ou celles labyrinthiques de François Morellet et de Daniel Buren.

De même sors-tu décalée, émerveillée, parfois en larmes, d’une pièce fleuve de Julien Gosselin ou de Wajdi Mouawad, d’une exposition de Christian Boltanski, d’une performance d’Hannah de Meyer, d’une chorégraphie d’Andrei Preljocaj ou d’un film de Xavier Dolan.

Devant un telle profusion d’images et de sons, un tel vertige d’émotions, tu ne parviens pas ni ne cherches d’ailleurs à classer chronologiquement ou par ordre d’importance ces évènements, tant il en existe et tant ils sont fondateurs de ton expérience personnelle, de ton regard et de ses décalages.

Toutes ces images, ces sensations et perceptions, tous ces liens, ce monde impalpable, toutes ces mémoires, ces ancrages, viennent te rendre visite, te questionner et te nourrir avec une fulgurance et une acuité impressionnantes.

Et ce sont ces images que tu tentes de traduire ici en matière vivante, évoluante et ouverte, en textes et en photographies, comme en peinture aussi.

© Textes et photographies: Lorraine Thiria/All rights reserved

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