« Le temps confiné bouge. Il devient plastique, organique….
Cette saison ne connaît pas le même rythme que toutes les autres avant elle.
La musicalité du monde a changé, ses vibrations aussi. »
Journal d’un confinement (2020)
Ce journal a été écrit pendant le confinement, plus précisément entre le 19 mars et le 21 avril 2020.
Déjà désuet ou obsolète donc, vu le nombre d’évènements -politiques, économiques, juridiques, sociaux,…- depuis le déconfinement… ou plutôt devrais-je dire depuis la fin du confinement, si tant est que nous soyons vraiment déconfinés, tous derrière nos masques et derrière nos frontières, contraints de traverser et de vivre une liberté de mouvements bien amoindrie et souvent carrément amputée….
Mais bien que dépassé par l’actualité, ce journal est important à mes yeux car il constitue un marqueur : première expérience de privation de liberté, premiers réflexes, premières réactions, premières peurs, premières victoires, premiers constats partagés sur ce sujet avec l’homme de ma vie, nous permettant de creuser encore le terreau de nos expériences à la lumière de cette perturbation (ou de ce mouvement contrarié comme je le nomme).
En tant que marqueur, il peut en effet sembler aujourd’hui déphasé au regard des événements qui suivent le 11 mai, mais précisément pour cette raison, il présente un intérêt : cette écriture vient pointer et réveiller l’instinct qui sommeille en nous, met la lumière sur nos fragilités et nos doutes, et révèle notre humanité ébranlée.
Ce journal est un repère, un cheminement pour moi, et le fait qu’il soit déjà daté, alors qu’écrit il y a à peine six mois, est révélateur de l’ampleur du séisme que nous traversons tous.
Et parce qu’il a été écrit d’une traite, en trois fois, trois quinzaines, sans être retouché par volonté de pure spontanéité de l’instant, il permet exactement d’atteindre mes émotions face à cet ébranlement, de toucher l’évolution de mes sensations et pensées personnelles, et plus largement de pointer les mutations de la perception par notre humanité de cette crise inédite et de ce qu’elle nous révèle.
Ce journal est aussi une trace, un témoignage intime (pour mes enfants et les enfants de mes enfants) des premiers instants, des prémices du bouleversement ou du revirement, de ce que le monde fut, et de l’origine de la question existentielle : comment en sommes-nous arrivés là ?
Il marque en effet une rupture avec un monde plus dépassé encore que cette écriture, et signe, en le rédigeant, le trait final de ce que nous connaissions tous ; il esquisse le commencement d’une ère de rapports humains indéfinis et flous, à redéfinir et explorer, avec l’espoir infini et peut-être naïf que le pire (les soupçons, délations, menaces, restrictions, privations…) se perde en chemin…
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© Textes et photographies: Lorraine Thiria/All rights reserved
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