Grèce, Péloponnèse, Delphes et Athènes

Antic Cysmic

Tu peines à trouver les mots qui illustreraient les sensations et les images des sites de Delphes, Olympie ou Athènes que tu viens de découvrir avec Cy.

Tu te souviens ressentir une grande émotion lorsque, telle une apparition, il a mis le pied sur la ligne de départ et déployé sa course sur le stade mythique et désert d’Olympie.

L’espace entier t’a envahie et tu l’as vu disparaître au loin des deux centaines de mètres du stade sous une lumière aveuglante et crue.

L’espace d’un instant, tu as cru à un effacement, un mirage, puis tu y as lu une page blanche, un présage, symbole d’un nouveau chapitre à écrire à votre histoire.

Tu te revois seule avec Lui, et très émue, dans la grande salle du musée archéologique du site, et admirer les métopes divins du temple de Zeus qui y demeurent désormais, regroupés et mis en scène dans une grande modernité; muséographie contemporaine de statues expressives et frontons antiques vous perdant davantage encore dans ce rêve éveillé… correspondance et alignement parfaits du corps et de l’esprit, sensation d’être exactement là où la vie prend naissance.

Seuls sur le site, comme si le temps s’était arrêté, quelque part, pour vous deux…

En perte de repère temporel et spacial, vous avez ouvert plus librement la porte de votre imaginaire et pris conscience de découvrir ensemble l’une des sept merveilles du monde antique, à jamais disparue.

Etrangeté de l’instant que de sentir au plus près ce qui n’existe plus…

Tu te surprends aussi à marcher main dans la main avec Lui dans les hauteurs de Delphes, déambulant le long de la voie sacrée, puis vous arrêtant devant le temple d’Apollon en imaginant la Pythie en transe livrant son oracle. C’est comme si tu entendais les voix de ce peuple lointain et en même temps si proche, comme si tu percevais des bribes de mots ou de sons de cette langue ancienne transmise par une civilisation qui vous a tant donné, contribuant à être qui vous êtes aujourd’hui.

C’est comme si tu apercevais debout toutes les statues longeant la voie sacrée, bordant l’entrée des temples, tes yeux éblouis devant la polychromie aujourd’hui disparue des frontons et des métopes des sanctuaires; c’est comme si tu observais la foule se presser, les prêtres prier, les hommes commercer, honorer, les athlètes se préparer pour les jeux pythiques. 

.C’est comme si devant tes yeux, le précepte: « Gnothi Seauton» gravé à l’entrée du temple d’Apollon prenait toute son ampleur, conscience intérieure profonde, individuelle et finalement universelle, du chemin que tu empruntes avec Lui.

C’est comme si Delphes, lieu mythologique abritant l’omphalos, ce nombril du monde, devenait le lieu symbolique de l’unité de votre monde et de votre union sacrée.

Tu ne peux que t’émerveiller de la chance qui, une fois de plus, est la tienne, de parcourir ce lieu de culte quasiment seule en cette période de l’année, avec Lui, de partager ces instants magiques en sa présence, de discuter d’histoire et d’archéologie, de psychologie et d’hypnose, de rire ensemble de pensées croisées, de souvenirs communs, comme si subrepticement, tu réalisais que ces souvenirs forgés ensemble formaient un amas superbe et unique, indissociable, et que de cette fusion naissaient une complicité renforcée, une grandeur surnaturelle, quasi mystique et inébranlable de votre amour d’âmes.

Ensemble, vous éprouvez également un plaisir infini à découvrir l’Abaton d’Epidaure, cette salle d’incubation qui vous parle étrangement, et sans un mot, vous pouvez imaginer tous deux les rites pratiqués sur les patients venant se préparer après purification à entrer, dans leur sommeil, en relation avec Asklepios. 

Et c’est comme si vous étiez présents parmi eux, en rêve, comme si vos ancêtres entraient en communication avec vous, comme si vous deux, par autosuggestion, vous unissiez dans un état de conscience modifiée.

Cet ancêtre de la médecine par les songes ne peut que vous rapprocher encore, si besoin était.

Depuis tu as appris, grâce à Lui, que l’étymologie de son nom serait une association de moelle et d’os, de mollesse et de dureté, d’humidité et de sécheresse, et tu as aimé cet assemblage mêlant, une fois de plus, des paires d’opposés significatives.

Foulant tous deux le sol des sanctuaires grecs antiques, c’est comme si vous puisiez de nouvelles forces dans cette terre millénaire et fertile, comme si, étudiants que vous êtes, expérimentiez un travail à la fois ancestral et contemporain aux contours encore flous combinant la pratique de l’hypnose, les rêves, le somnambulisme, vos discussions tardives sur l’essence de l’être et le sens de votre vie.

A certains moments, dans la lumière delphique de fin d’après-midi, dans les hauteurs situées entre le stade et le théâtre, tu n’as plus été capable de dissocier le rêve de la réalité,  le perceptible de l’invisible, l’espace et le temps, à ses côtés, prenant une forme perméable et permettante.

Dans cet état, tu est parvenue à ne faire entrer dans ton prisme que la douceur de votre relation et la richesse de votre univers commun.

D’ailleurs, plus tard dans Athènes, sous le soleil de plomb baignant le site de l’Acropole, face au Parthénon et plongée dans tes pensées, tu te surprendras à accueillir sans douleur et avec bienveillance le fait que Cy ne découvre pas ce site pour la première fois avec toi (mais dix années plus tôt avec une autre), comme si tes sens avaient compris avant ton esprit que votre mariage d’âme était unique et inégalé, et qu’il ne faisait que se raffermir et se ratifier avec les mois et les années.

C’est comme si tu comprenais enfin que ton intuition ne t’avait pas trompée et qu’en te désignant cet homme-là comme ton âme-soeur, comme celui qui représente avec évidence tout ce qui te fait vibrer, elle t’avait offert un sublime et inattendu présent, pris dans les deux sens du terme.

Tu te surprendras, enfin, comme il te l’écrivait lui-même dès votre rencontre, à « accueillir avec mansuétude les forces qui s’évertuent à vous rassembler ».

© Textes et photographies: Lorraine Thiria/All rights reserved

Le contenu de ce site est protégé par le droit d’auteur, toute reproduction totale ou partielle est interdite