Somnambula, le livre
Comment représenter la nuit, comment suggérer ce qui se passe quand l’inconscient prend force et forme, comment faire parler celle qui se lève la nuit mais ne parle pas, celle qui agit et se promène dans son appartement en réalisant des « installations »?
Extraits du livre :
« Mes épisodes somnambuliques sont-ils des parenthèses ouvertes sur ma vie ? Décrivent-ils qui je suis ?
Et, voyageant au coeur de mes nuits, m’aident-ils à traverser mes vies antérieures et créer des connexions ? M’invitent-ils à visiter mes fantômes, mes peurs ?
Qu’est-ce que je rapporte de mes voyages somnambuliques ?
Comment j’utilise et transpose ce cadeau de l’inconscient ?
Que faire désormais de ce bagage rapporté dans mon espace conscient ? » …
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« (…) Dès lors, l’acte somnambulique est peut-être aussi une façon de me rassurer et de lutter contre le vide : ce que je crée, ce que j’associe et déplace, avec ou sans langage, existe dans la lueur de la nuit.
Je ne connais pas l’éphémérité de l’œuvre dans l’espace où je me trouve ; elle existe dans mon double regard, dans la dissociation que j’expérimente entre créateur et spectateur.
Je suis libre sans avoir à maîtriser. Je maîtrise sans être impuissante.
Ce que j’exprime et ce que je crée a un sens que je perçois dans ma dissociation, ce qui annule tout vide et toute perte de sens.
Les déplacements somnambuliques, plus que d’exprimer, permettent peut-être de lutter contre l’oubli et contre l’effacement. »…
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« (…) Toutes ces installations n’existent pas car elles ont disparu. Demeurent des évocations sous formes photographiques et narratives du moment où la scène a été visible par deux spectateurs seulement : C lors de mon état somnambulique, et moi-même, le matin, éveillée.
Pour devenir spectateur, vous devez glisser votre regard dans celui du photographe ou du conteur.
C’est ainsi que l’art permet de montrer une image d’une installation que vous ne pourrez jamais voir. »…
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« … Si mes installations nocturnes sont assimilables à une « oeuvre » en tant que création insolite et originale, existent- elles en elles-mêmes ?
Existent-elles avant, avec ou après l’image – la photographie – prise comme trace unique et mémoire de l’oeuvre ?
Existent-elles (…) dans l’oeil du « regardeur » ?
Autrement dit, l’oeuvre existe-t-elle en elle-même, indépendamment de l’image qui en est faite ou une fois matérialisée par la photographie ou la vidéo qui la fige ?
L’oeuvre existe-t-elle avec l’image, comme association artistique ? »…


© Textes et photographies: Lorraine Thiria/All rights reserved
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