Des pierres et des forêts

Ce texte est né d’un voyage sur les terres polonaises au mois de novembre 2023, dans les couleurs d’automne et dans l’horreur des camps de la mort.

Il a pris forme au retour de ce voyage, après avoir assimilé informations et images qui, bien que d’une violence inouïe, demeuraient abstraites si elles n’étaient pas transcrites.

Ce récit restitue ainsi toutes les émotions et les impressions ressenties au cours de ce parcours sur les traces de l’action Reinhard (nom de code de l’extermination des juifs polonais). 

Il ne suit aucun ordre chronologique ni spatial, le seul ordre qui m’ait inspiré étant celui des émotions.

Les photographies prises sur place, qui illustrent le texte et font partie intégrante du récit, sont parfois assemblées à d’autres photographies d’œuvres picturales et plastiques que j’avais prises lors d’expositions d’artistes chers à mon univers. 

Les associations que j’en ai faites et qui se sont imposées à moi après avoir visité physiquement les camps, en sont une interprétation personnelle. 

Elles pourront peut être troubler le lecteur par la perte de repères qu’elles créent et la forme d’abstraction qu’elles suggèrent parfois.

Dans cet esprit, les références photographiques ne se découvrent qu’à la fin du manuscrit.

De même, les différentes parties du texte ne sont pas titrées, chacun demeurant libre d’emprunter le chemin proposé de façon non guidée et finalement, plus ouverte à l’expérimentation et aux sensations.

Cette expérience (de voyage et de récit) est essentielle, comme constituant un nécessaire travail de mémoire.

Des pierres et des forêts

« C’est une mémoire particulière qui te mène ici, une mémoire intime qui ne t’appartient pas et dont tu as hérité.

Tu ne saurais dire dans quel espace ou dans quelle strate se situent ces souvenirs enfouis qui ressurgissent et s’imposent à toi, te sommant de prendre la route et de traverser des forêts de fantômes.

Parcourir des forêts comme on visite ou revisite des histoires, pour tenter de s’y repérer, de créer des liens, de faire sens.

Traverser des forêts comme pour tenter de les identifier et les nommer, les déchiffrer et les reconnaître, physiquement, avec appréhension et inquiétude.

Tu te souviens de la mise en garde de Cloé Korman dans « Les presque soeurs » : « Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d’en sortir » qui résonne en toi dans un double mouvement de répulsion et d’attirance.

Longtemps, tu as reporté ce chemin nécessaire, cette brèche, tu t’es entourée d’excuses aussi vaines que puissamment ancrées, de faux-semblants rassurants. Mais récemment, après une nuit agitée, après être sortie de ta brume matinale, tu as su qu’il te fallait avancer, affronter, et que ton avenir dépendait de ce passé-là. »

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© Textes et photographies : Lorraine Thiria/All rights reserved

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