Sculptographie
Mes photographies révèlent ce que je vois en peinture.
En effet, elles sont un regard posé sur l’abstraction de la réalité ; comment, par l’oeil photographique, s’attacher à rendre abstraite une réalité concrète figurative?
Ainsi, je cherche à marquer une empreinte suggestive picturale à ma photographie.
De recherche en expérimentation et en accident aussi, je découvre récemment que je photographie aussi ce que je vois en sculpture.
En peinture, imiter la sculpture par la technique picturale du clair-obscur traitée en monochromie, relever les jeux d’ombres et de lumières en dégradant le noir et le blanc de valeurs grises, se nomme créer une « grisaille ».
En photographie, tenter de créer une sculpture non pas en 3D mais en 2D en jouant également du clair-obscur s’appelle la « sculptographie », ou plus exactement la définition que je souhaite lui donner.
Pour moi, la sculptographie n’est pas une sculpture éphémère destinée à être photographiée, ni la photographie d’une sculpture existante.
Elle n’est pas non plus des fragments de photographies assemblés constituant des objets photographiques en 3D.
Elle n’est ni une succession de tableaux ou de performances photographiées formant une sculpture, ni un assemblage de photographies pour créer une sculpture.
La sculptographie telle que je la conçois et la recherche, consiste en la photographie d’une matière (végétale, minérale, organique, plastique,…) qui n’est pas sculpturale ni au premier abord, ni dans son essence même, mais qui le devient à travers l’oeil photographique.
En effet, la matière saisie au plus près révèle ses lignes, ses formes, ses plis, ses creux, ses ombres et ses lumières. Lorsque la photographie de celle-ci est captée puis imprimée sur aluminium en noir et blanc, elle devient, par le jeu de la lumière réfléchie sur la matière, une sculpture à part entière donnant la sensation de pouvoir être touchée, de pouvoir être saisie bien que demeurant en deux dimensions.
Cette nouvelle série de sculptographie, prochainement exposée, est accompagnée d’un texte intitulé : « Les sens du temps ».
© Textes et photographies : Lorraine Thiria/All rights reserved
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UN AUTRE REGARD 